Qui était Lambert Darchis

Nous ne connaissons pas grand-chose de la vie de Lambert Darchis. Nous n’avons aucun portrait connu à ce jour et les rares informations en notre possession proviennent principalement de son testament.

Bien sûr, la majorité des liégeois connait le nom Darchis grâce à la rue qui porte son nom, la rue Darchis à Liège qui descend en pente douce de la rue Louvrex au boulevard d’Avroy. Cela ne veut pas dire qu’ils connaissent le personnage et encore moins ce qu’il a initié par son testament. C’est la ville de Liège qui donna ce nom en avril 1839 à cette rue nouvellement percée et ce, par reconnaissance envers l’un de ses illustres compatriotes. Et ce nom est encore plus connu aujourd’hui puisque nous pouvons le voir sur bon nombre de bus liégeois qui rentrent à leur terminus.

Lambert Darchis est né à Liège en 1625 dans la paroisse de Saint-Hubert aujourd’hui disparue. On ne connait pas la date exacte de sa naissance mais les archives nous apprennent qu’il a été baptisé à Notre-Dame-aux-Fonts le 31 juillet 1625. Dans son testament, notre bienfaiteur nous dit qu’il a été baptisé le 22 juin 1625, tout en précisant « si ma mémoire est bonne ». Il faut signaler qu’il rédige son testament plus de septante ans après son baptême.

Il est le fils de Jacques Darchis et de Marguerite Froidmont. Il a, en outre, une sœur Marguerite (épouse de Maximilien de Foullon) et deux frères, Eustache, chanoine de la Collégiale Saint-Pierre à Liège et Nicolas, chanoine de la Collégiale Saint-Denis, liégeoise elle aussi. C’est donc une honorable famille.

Nous savons aussi que la famille Darchis est originaire du village de Milmort où il y a aujourd’hui une rue Lambert Darchis.

Assez jeune, vers 1646, il part pour Rome et ne reviendra apparemment plus jamais à Liège. Il veut faire carrière à la curie. Il suit en cela les traces de son grand-oncle paternel Godefroy et de deux oncles paternels aussi, Antoine et Lambert qui sont notaires au tribunal de la Rote. Il faut dire qu’à cette époque, il y a beaucoup de Liégeois à Rome. Rome exerce un véritable attrait pour les jeunes principautaires.

Il semble que son père lui ait acheté le 3 mars 1648 la charge de « scripteur des brefs » pour un montant de 1620 écus. Scripteur des brefs à la daterie apostolique au XVIIe siècle, c’est travailler dans une institution dirigée par un cardinal, le pro-dataire qui gère une importante équipe de laïcs qui préparent et datent la concession de certaines dispenses matrimoniales, la collation de bénéfices ou encore l’octroi d’indults et de grâce. Et ces laïcs peuvent y faire de gros profits.

De fait, Lambert Darchis disposait à sa mort d’une grosse fortune acquise probablement par cette fonction lucrative mais il n’est pas interdit de penser qu’il ait pu bénéficier d’une fortune familiale. Famille qu’il n’oubliera pas dans son testament puisqu’il léguera à son frère Nicolas et sa sœur Marguerite la somme de 5000 écus d’or. Certains auteurs affirment que sa richesse pourrait provenir aussi d’investissements judicieux.

Il faut ajouter aussi que Lambert a été pendant plusieurs années administrateur de l’église Santa Maria dell’Anima à Rome, église nationale de l’empire.

Il rédige son testament le 22 octobre 1696 et meurt dans sa maison située dans le quartier du champ de Mars, plus précisément dans la ruelle proche de la taverne dite de la Campana (cloche), le 25 février 1699. Il sera enterré conformément à ses volontés dans l’église de Santa Maria dell’Anima dans l’autel de Sainte-Anne ou reposent déjà son grand-oncle et ses deux oncles.

Malgré l’affirmation de certains historiens, il n’a jamais été prêtre mais nous ne lui connaissons pas d’épouse ni de descendants.

Auteur: Yves Charlier